Recherche de consensus entre agriculture et environnement pour la gestion de l'eau avec le changement climatique - Dominique Rollin
Le 9 avril 2021 à 11h00, Dominique Rollin abordera le thème suivant : "Recherche de consensus entre agriculture et environnement pour la gestion de l'eau avec le changement climatique".
Ces travaux n’ont pas mobilisé en tant que tels les outils de la prospective mais ils s’inscrivent dans une vision à 30 ans de l’agriculture et de ses trajectoires d'évolution.
Il s’est agi d’explorer les voies et moyens d’adaptation de l’agriculture d’ici 2050, en intégrant les projections climatiques du GIEC, qui se traduiront demain par des tensions plus fortes en matière d’accès à la ressource et de partage de l’eau entre ses usagers.
La mission a organisé son travail autour des neuf thèmes de la lettre de commande et de sept études de cas choisies pour prendre en compte une diversité des situations des territoires et des filières agricoles face au changement climatique, et ancrant la mission dans une réalité de terrain. Elle a par ailleurs bénéficié d’un appui scientifique par le biais d’échanges avec un agronome référent d’INRAE et d’un comité d’experts qui s’est réuni à deux reprises pour réagir aux analyses et propositions de la mission.
À la suite d’un état des lieux des scénarios d’évolution du climat et de ses conséquences prévisibles sur la ressource en eau et les milieux aquatiques comme sur l’agriculture, le rapport propose sept grandes recommandations en s’appuyant sur la synthèse des analyses thématiques et des études de cas. La mission en a présenté une déclinaison sous forme d’un projet de feuille de route qui rassemble les 23 sous-recommandations principales émises dans ce rapport. D’autres propositions de moindre importance sont faites dans le texte.
D’une façon générale, la mission considère que la réponse au changement climatique nécessite un changement de modèle agricole, plus économe en eau et protecteur des sols et, partout où cela est possible, la mission est favorable au renforcement de la ressource en eau pour l’irrigation, dans le respect du renouvellement de la ressource et du bon état des milieux.
Elle propose dans ce sens d’accélérer la transformation de l’agriculture via le déploiement de l’agroécologie et en faisant des sols le socle de la stratégie d’adaptation de cette dernière au changement climatique.
Elle prône la transition vers une irrigation « de résilience », plus économe en eau et visant la stabilité des productions dans un contexte climatique fluctuant plutôt que leur maximisation.
Elle précise les conditions d’un renforcement acceptable de la ressource en eau pour l’agriculture, en privilégiant, notamment par des financements incitatifs et un accompagnement adapté, les retenues de substitution, les démarches de gestion collective de l’eau ou en développant les techniques innovantes de réutilisation des eaux usées traitées ou de recharge de nappes.
La mission propose également de redynamiser la gestion territoriale de l’eau en renforçant l’efficacité des projets de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE) et en élargissant les possibilités des collectivités d’assurer le portage de ces démarches et de la maîtrise d’ouvrage d’infrastructures liées à l’eau. Elle souligne la nécessité d’une meilleure connexion de la recherche avec les agriculteurs innovants ainsi qu’avec les filières et celle d’un renouvellement du développement agricole pour réussir la massification de la transformation agricole.
Elle conclut sur la nécessité d’un discours commun entre les ministères de l’agriculture et de l’environnement sur l’eau et l’agriculture, par le biais d’éléments de doctrine partagés qui doivent faire l’objet d’un suivi permanent et d’une communication volontariste en direction des acteurs de l’eau, agricoles ou non, comme des consommateurs.