Algues et gestion de la qualité de l’eau en canal
Les algues qui se développent dans les canaux de transport d’eau posaient un certain nombre de contraintes à la gestion du système. D’une part, les algues benthiques colonisant les berges et le fond du canal, encore appelées « épilithon », affectaient la performance hydraulique des systèmes en réduisant la débitance des canaux, accentuant l’effet des développements de macrophytes, et perturbant les débits délivrés aux prises. Lorsque ces algues se détachaient de leur substrat, elles induisaient également des risques de colmatage au niveau des usagers (filtres, compteurs d’eau). D’autre part, certaines espèces de Cyanobactéries susceptibles de secréter des toxines constituaient un enjeu pour la gestion de la qualité de l’eau, notamment pour l’usage de production d’eau potable. L’objet du projet était de définir et d’évaluer des stratégies hydrauliques pour la gestion des développements algaux dans les canaux en mobilisant les ouvrages de régulation qui caractérisaient ces systèmes. Le projet s’est attaché à identifier les interactions entre la gestion hydraulique et les développements d’algues, tant au niveau de sites réels qu’en canaux réduits, développer des modèles de simulation des processus, puis à concevoir et analyser des stratégies de régulation de ces compartiments par des méthodes hydrauliques.
Sites d'étude :
- le Canal de Gignac, canal d'irrigation et plate-forme expérimentale sur la régulation des canaux (moyenne vallée de l'Hérault), alimente un périmètre irrigué de 3000 hectares environ;
- , canal composé de galeries et de portions à ciel ouvert, alimente 79000 hectares irrigués mais satisfait maintenant de nombreux autres usages (industrie, collectivités...) dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, avec des exigences de qualité élevées.

(i) améliorer la déserte en eau des usagers et s’adapter à l’évolution de la demande,
(ii) réaliser des économies d’eau en minimisant les rejets. Aujourd’hui, le périmètre est représentatif des mutations et des enjeux de ces aménagements anciens.
L'équipe d’Ecologie des Eaux Continentales Méditerranéennes de l'Institut Méditerranéen d'Ecologie, Paléoécologie est spécialisée en hydrobiologie : algues, invertébrés, physico-chimie, macrophytes. Elle mène depuis de très nombreuses années des travaux de recherche sur la biologie de divers hydrosystèmes sur le pourtour méditerranéen et mène des actions de sensibilisation pour la prise en compte des compartiments biologiques dans la gestion des divers milieux aquatiques.
Dispositif expérimental Algequeau vu de l’aval
(i) la caractérisation de l’interaction entre l’écoulement et l’épilithon
Le phénomène de dérive des courbes de tarage a donc été suivi et quantifié sur le canal de Gignac notamment. L'étude des champs de vitesse au niveau des ouvrages ont permis de caractériser l'effet de vannes sur le cisaillement et le piégeage conséquent de matériaux détachés en dérive. Au niveau du canal, ces mesures ont mis en évidence l'effet de la végétation fixée sur les rugosités.
Dérive de courbes de tarage, Canal de Gignac
(ii) la modélisation des processus en jeu
Le modèle de fonctionnement des deux canaux est maintenant disponible pour les gestionnaires. Ces modèles sont maitnenant intégrés dans un outil de simulation générique : SIC, à base physique, et transférable à d'autres systèmes.
Principes de modélisation du transport algal
(iii) les stratégies de gestion.
Les effets des chasses hydrauliques sur la structuration de la biomasse algale ont permis de définir une stratégie de limitation de ces développements algaux. Mises en place sur les deux sites d'études, leur application à d'autres systèmes est actuellement en cours d'étude. La gestion globale dur canal s'en trouve aussi améliorée (enregistrement des appels, suivis d'intervention des gardes...).
La connaissance des effet de la végétation sur le frottement a aussi été améliorée.
Evolution de la biomasse, Branche de Marseille Nord