2014 - Une innovation technique en train de se faire -Le goutte à goutte en pratique au Maroc : acteurs, bricolages et efficiences - Benouniche Maya

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Maya Benouniche a soutenu sa thèse intitulée "Une innovation technique en train de se faire -Le goutte à goutte en pratique au Maroc : acteurs, bricolages et efficiences"

le 22 décembre 2014 à 14h30 à Montpellier, AgroParisTech (salle Amazone) devant le jury suivant :

 Charlotte de Fraiture, Professor in Land and Water Development, UNESCO-IHE, Delft, Pays-Bas, rapporteur

Stéphane de Tourdonnet, HDR, maître de conférence, IRC, Montpellier, rapporteur

Jean-Paul Billaud, Directeur de recherches au CNRS, Paris-Nanterre, examinateur

Ali Hammani, Professeur, Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II, Maroc, examinateur

Patrice Garin, ICPEF, chercheur IRSTEA, examinateur

Marcel Kuper, HDR, chercheur Cirad, directeur de thèse

Résumé : Promue comme la technique d’irrigation en théorie la plus efficiente en eau, et mise à contribution pour régler les grandes crises d’eau, le goutte à goutte se diffuse très rapidement de par le monde. La perspective d’une technique étudiée en station expérimentale, sans utilisateurs, et en définitive idéalisée, nous a d’emblée interpellé. Rejetant une vision normative du goutte à goutte (ce qu’il devrait être/faire), nous l’avons étudié en pratique, en interactions avec une multitude d’acteurs (ce qu’est le goutte à goutte et ce qu’il fait et pour qui). Notre objectif est d’analyser comment la pratique de cette innovation technique a changé la technologie et les trajectoires socioprofessionnelles des acteurs, et l’impact sur les efficiences d’irrigation. Nous montrons pour une étude de cas au Maroc (la plaine du Saiss) comment les acteurs locaux ont pris le contrôle de l’innovation, et des responsabilités dans des domaines que l’on pensait réservés aux ingénieurs dans la production, l’utilisation et la diffusion de l’innovation. Ces initiatives locales croisent et renforcent les programmes étatiques de développement du goutte à goutte. La technologie a séduit un grand nombre d’acteurs non-conventionnels qui ont changé la technologie, mais ont changé aussi eux-mêmes. La diffusion réussie du goutte à goutte assure leur promotion socioprofessionnelle, et à leur tour ils vont attirer d’autres utilisateurs dans le monde du goutte à goutte. C’est là où se résume la force du goutte à goutte comme objet technique autour duquel de puissants réseaux sociotechniques se sont construits. Le bricolage a permis la conception de systèmes plus adaptés aux conditions locales, mais aussi un apprentissage de la technique pour apprivoiser le changement. D'une technologie importée accessible à une minorité de grands agriculteurs, une pluralité de systèmes de goutte à goutte de proximité sont désormais accessibles au plus grand nombre. Enfin, les performances d’irrigation de ces systèmes sont hétérogènes, certains agriculteurs irriguant 3-4 fois plus que les volumes nécessaires aux besoins de la culture. Ces performances peuvent être expliquées par des pratiques d’irrigation favorisant le confort hydrique de la plante, traduisant ainsi les logiques des acteurs. Aujourd’hui, « l’économie d’eau » est un objectif irréalisable, qui n’est prioritaire pour aucun des acteurs, y comprisl’Etat-promoteur. Nous concluons qu’il serait intéressant de mobiliser les acteurs non-conventionnels pour en faire des alliés pour intégrer le concept d’économie d’eau sur le terrain auprès des utilisateurs.

Mots clés : Irrigation au goutte à goutte, innovation, économie d’eau, performances d’irrigation, bricolage, acteurs non-conventionnels, le Saiss, Maroc

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