Titre : Aquathèque et musées de l’eau. Comment conserver et partager la mémoire sociale, scientifique et écologique des milieux aquatiques ?
Contexte :
L’eau et les écosystèmes aquatiques d’eau douce (rivières, lacs etc…), font l’objet de pressions croissantes, du fait du changement climatique et des rejets de contaminants liés aux activités humaines. La compréhension et l’anticipation des crises liées à l’eau est l’objet du programme OneWater dans lequel prend place le projet « Aquathèque ». Celui-ci vise à évaluer la faisabilité à l’horizon 2032, à l’échelle française, d’une archive réunissant des d’échantillons d’eau ou issus de milieux aquatiques continentaux (rivières, lacs, eaux souterraines…) ainsi que les données physico-chimiques et écologiques issues de leur analyse. L’Aquathèque permettrait notamment de conserver des indices et des preuves des altérations ou des améliorations de la qualité de l’eau et des milieux aquatiques au cours du temps (en matière de chimie ou de biodiversité), en s’inspirant des banques d’échantillons environnementaux créées dans différents pays dans les années 1980.
Il s’agit cependant d’aller au-delà de la collection scientifique fermée au public : l’Aquathèque pourrait (1) intégrer les usages et attentes des acteurs et actrices concernés par l’eau et les milieux aquatiques d’une part, et (2) constituer une vitrine de l’état des savoirs sur les milieux aquatiques, indispensable pour promouvoir une nouvelle « culture de l’eau » et œuvrer pour sa protection[1].
Cette « bibliothèque de l’eau » pourrait ainsi collecter, archiver et mettre en valeur plusieurs dimensions du patrimoine et de la mémoire de l’eau et des milieux aquatiques :
- Patrimoine scientifique, mémoire des manières de mesurer et évaluer la qualité de l’eau et des milieux aquatiques – à l’appui des échantillons prélevés et conservés pour des analyses chimiques ou écologiques (eau, matières en suspension, organismes…), des instruments utilisés (capteurs, membranes…), mais aussi des discours et pratiques de ceux qui collectent et analysent.
- Mémoire sociale, celle des manières de vivre avec l’eau et les milieux aquatiques – à l’appui de recueil d’usages et de pratiques par les différents usagers (habitants, pêcheurs…)
- Mémoire des lieux, celle de rivières menacées par le changement climatique, ou celles amenées à évoluer après des projets de restauration écologique - qui montre de manière sensible les évolutions des paysages (enregistrement sonores, photographies, films, créations artistiques qui expriment les dimensions scientifiques et sensibles…)
Il s’agit de réfléchir au potentiel de l’Aquathèque pour montrer la diversité des mémoires et des expériences de l’eau et des milieux aquatiques, depuis des perspectives scientifiques et riveraines, de manière à éclairer une gestion future inspirée par les éthiques du soin (care).
Objectifs :
Le stage de master alimentera l’argumentation en faveur de l’ouverture du projet d’Aquathèque à différents publics. Il participera d’une part à la réflexion sur son statut, entre infrastructure de recherche et musée, et proposera des interfaces avec des publics variés à différents stades de vie du projet : conception de l’infrastructure, collecte, mise en valeur des échantillons et fragments de mémoire conservés et dissémination.
Pour cela, l’étudiant.e sera en charge de mener une enquête exploratoire sur les musées ou interfaces virtuelles dédiées aux milieux aquatiques (Musée de l’eau de Pont-en-Royans en Vercors, autres musées membres du Réseau mondial des musées de l’eau labellisé par l’UNESCO[2][2]). Il ou elle comparera les différentes initiatives en fonction de leurs objectifs, dispositifs matériels et publics. En parallèle, il ou elle prendra part aux échanges entre chercheurs et chercheuses impliqués dans la définition des contours de l’Aquathèque – pour y apporter une dimension « conservation et valorisation du patrimoine » et / ou médiation scientifique.
En plus de la rédaction d’un mémoire de M2 sur les différentes initiatives muséales, l’étudiant.e pourra proposer des pistes pour accompagner le projet en cours d’Aquathèque et imaginer ses contours : collaboration arts et sciences, format d’exposition ou d’autres formes de médiations pour mettre en valeur ses collections futures.
Profil :
- Stagiaire M2 en valorisation et médiation des patrimoines ou en muséographie, ou encore en anthropologie ou sociologie avec une spécialité sur le patrimoine, les musées ou l’environnement
- Compétences : entretiens, capacités rédactionnelles, connaissances de base en design d’expositions et muséographie
- Connaissances basiques ou appétence pour les sciences de l’environnement, et le travail en interdisciplinarité
- Intérêt pour les collaborations arts et sciences
- Permis B conseillé
Conditions matérielles :
Le stage de 6 mois sera accueilli à l’INRAE de Montpellier, au sein de l’UMR G EAU, avec des déplacements à prévoir à l’Université de Lyon 1 (UMR LEHNA/Institut des Sciences Analytiques). Il donnera lieu à une gratification mensuelle correspondante aux grilles de la recherche publique (autour de 550 euros par mois). Les frais de terrain et de déplacement à Lyon seront remboursés.
Candidature et contact :
Les éventuelles questions, et la candidature (CV et une lettre de motivation) sont à envoyer avant le 13/12/2024 à :
- Mathilde Lagrola (UMR LEHNA/UMR G EAU) : This email address is being protected from spambots. You need JavaScript enabled to view it. ,
- Christelle Gramaglia (UMR G EAU) : This email address is being protected from spambots. You need JavaScript enabled to view it.
[1][1] Voir notamment : Mission. Why a Global Network of Water Museums?. Water Museums Global Network. https://www.watermuseums.net/about/mission/
[2][2] https://www.watermuseums.net/