En prélude au Forum Mondial de l’Eau qui devrait avoir lieu en 2022, la représentation de l’IRD au Sénégal organise une série d’événements pour réfléchir et débattre autour de la problématique de l’eau au niveau local.
Hind Ftouhi a soutenu sa thèse de doctorat intiulée « Des jeunes ruraux en quête d’autonomie, de reconnaissance sociale et de construction du territoire - Cas de la plaine du Saïs, Maroc »
La thèse a été dirigée par les Professeurs HAMIMAZ Rachid, MAHDI Mohamed et KADIRI Zakaria au sein de l'Unité d'accueil "Sciences économiques et sociales appliquées à l’agriculture de l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II"
La soutenance a eu lieu devant le jury composé de :
- TOZY Mohamed, Professeur des Universités, Sciences Po Aix MESOPOLHIS, Aix-en-Provence (Président)
- HAMIMAZ Rachid, Professeur de l’Enseignement Supérieur, Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II (Comité de thèse)
- MAHDI Mohamed, Professeur de l’Enseignement Supérieur (Comité de thèse)
- KADIRI Zakaria, Professeur Habilité, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Ain Chock, Casablanca (Comité de thèse)
- AIT MOUS Fadma, Professeur Habilité, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Ain Chock, Casablanca (Rapporteuse)
- IRAKI Aziz, Professeur de l’Enseignement Supérieur, Institut National d’Aménagement et d’Urbanisme, Rabat (Rapporteur)
- EL AMRANI Mohamed, Professeur de l’Enseignement Supérieur, École Nationale d’Agriculture de Meknès (Rapporteur)
- KUPER Marcel, Directeur de recherche, CIRAD UMR G-EAU, France (Examinateur)
- PECQUEUR Bernard, Professeur émérite, Université Grenoble-Alpes, France (Examinateur)
Date : Mercredi 02 juin 2021 à 14h30
Lieu : Salle des conférences de l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II
Résumé
Partant du postulat selon lequel les territoires ruraux sont le théâtre de mutations de différents genres et que la jeunesse rurale est au cœur de ces mutations, l’objectif de cette thèse est de rendre visibles les actions de ces jeunes et de montrer comment ils contribuent à la construction des territoires ruraux. Nous adoptons un cadre analytique qui mobilise une littérature au croisement des problématiques des jeunes et du territoire. Nous appréhendons la jeunesse comme une construction sociale dont la signification dépend du contexte dans lequel elle est étudiée ; tout comme nous abordons le territoire comme un construit, en mobilisant une approche où ce territoire construit est la résultante des actions d’acteurs territorialisés et insérés dans des relations sociales. Nous avons adopté une approche empirique qualitative, qui permet de suivre les actions des jeunes aussi bien au niveau de leur douar que dans d’autres échelles territoriales comme la commune et la petite région. Les jeunes y mobilisent des ressources et sont fortement en rapport avec les autres acteurs présents sur notre terrain de recherche. Ce dernier est situé dans la plaine de Saïs qui connaît une forte dynamique agraire et associative. Nous avons identifié trois scènes de déploiement des actions des jeunes : une scène économique, une scène communautaire et une scène politique.
Nos résultats mettent en lumière le multi-positionnement des jeunes dans différentes configurations où ils s’activent simultanément pour gagner leur vie, chercher une autonomie, jouir d’une reconnaissance sociale et devenir leaders politiques. Chemin faisant, ces jeunes, aussi bien femmes qu’hommes, négocient un ancrage sur le territoire, contribuant à étendre ce dernier et à en faire un territoire réticulaire en investissant des territorialités multiples. Dans ce processus, les jeunes, de par leur statut, sont confrontés à des contraintes et saisissent tout autant des possibilités qui décident du sort de leurs actions sur le territoire. C’est ainsi que, sur la scène économique, les jeunes, en entreprenant différentes activités, agricoles et non agricoles, et en développant des parcours professionnels ponctués de mobilités multiples, contribuent à promouvoir une image du rural où il n’apparaît plus uniquement comme un territoire agricole et où les frontières entre rural et urbain sont de plus en plus embrouillées.
Nos résultats montrent aussi que les structures sociales où les actions des jeunes se produisent sont traversées par des oppositions de genre et de générations, que les jeunes cherchent à dépasser à travers des actions individuelles et collectives. C’est ainsi que les jeunes hommes ont réussi à intégrer différentes instances chargées de la gestion des biens collectifs en mobilisant leurs savoirs et savoir-faire et en se démarquant par rapport à la génération des ainés. En outre, aussi bien les jeunes hommes que les jeunes femmes s’engagent dans des actions collectives qui assurent leur ancrage territorial et leur valent la reconnaissance et l’autonomie auxquelles ils aspirent. Ceci s’accompagne d’une prise de conscience chez ces jeunes de leur capacité de s’imposer en tant qu’acteurs territoriaux actifs et dynamiques. Une prise de conscience qui se renforce davantage, sur la scène politique, à travers leur accès au pouvoir politique au niveau local, provincial ou encore national en se lançant dans une compétition politique où, aux oppositions de genre et de générations, s’ajoutent des oppositions ethniques et de statut social.
© Photos : Marie Lusson
Coupées par les digues et les seuils, polluées par les rejets industriels, urbains et agricoles, désassemblées pour leur eau ou leurs graviers, 42 % des rivières françaises sont en mauvais état écologique et morphologique. La directive européenne de l’eau de 2000, dite « DCE » vise la reconquête des milieux aquatiques. Dans ce but, les Agences de l’eau encouragent les opérations de restauration des rivières. Or, l’ingénierie de la restauration est une pratique non stabilisée entrainant de nombreuses controverses. Celles-ci soulèvent des questions techniques, sociales et politiques.
Afin de comprendre I) comment se fabriquent les projets de restauration et II) comment sont évalués les projets de restauration une fois terminés, la thèse fait le récit sociohistorique de quatre projets de restauration morphologique conduits dans le bassin versant du Rhône qui empruntent quatre trajectoires et prennent quatre formes distinctes : la restauration-rapiéçage, la restauration-revitalisation, la restauration du non-agir et la restauration-exposition.
Chaque chapitre analyse la situation d’une rivière et la modalité de gestion singulière qui y est mise en œuvre, révélant des états biotiques, historiques et politiques distincts, et à des stades d'avancement divers. En éclairant les projets morphologiques sous des angles changeants, chacun des chapitres vient dessiner une image plus détaillée de la restauration. Ils rendent également compte du travail de composition et de diplomatie engagé par les professionnels du domaine, obligés faire tenir ensemble des intérêts et des exigences humaines et plus-qu’humaines.
Mots clés : sociologie des sciences, controverses, restauration, rivière, hydromorphologie
Depuis les années 1990, on assiste à un renouvellement de la réglementation encadrant la pratique de Réutilisation des Eaux Usées Traitées en France.
Le 7 mai 2021 à 11h – Pauline BREMOND a présenté ses travaux intitulés : "Frein et succès à l'adaptation aux inondations dans le monde agricole"
Résumé :
Les inondations constituent le premier risque naturel en France et les dommages générés sont très importants. Dans le cadre du changement global, il est attendu que les évènements extrêmes s’intensifient et/ou augmentent en fréquence. La vulnérabilité des enjeux agricoles face aux inondations fait l’objet de moins d’attention que celle d’autres enjeux en particulier les enjeux urbains. De fait, ce sont les zones urbaines qui sont principalement visées par toutes les actions de protection. Certaines zones agricoles peuvent être concernées par le principe de sur-inondation prévu par la loi de 2004. De façon opérationnelle, limiter les conséquences des inondations sur les enjeux agricoles exposés passe par le biais des mesures dites de réduction de la vulnérabilité. Pour les enjeux agricoles, elle vise à limiter les dommages et à favoriser une reprise plus rapide de l’activité économique. Cette politique est d’autant plus importante pour les enjeux agricoles que la couverture assurantielle est faible. L’objectif de notre étude est de réaliser un état des lieux de la mise en œuvre de ces mesures sur le département de l’Hérault et d’analyser les freins et succès de cette mise en œuvre, notamment au regard de l’expérience du Plan Rhône. Nous présenterons des résultats préliminaires du stage que Justine Panégos est en train de réaliser au sein de G-eau (février à Juillet 2021).
"Quelles perspectives agroécologiques en agriculture irriguée en contexte méditerranéen pour concilier production agricole et préservation de l’environnement ? Application au maraichage irrigué en goutte-à-goutte en Tunisie Centrale"
Les plaines aménagées pour l’irrigation agricole au Maghreb sont importantes pour l’économie régionale et nationale. Ces territoires et agriculteurs sont cependant vulnérables à des aléas environnementaux et climatiques, et en rapport à une utilisation « non raisonnée » des ressources naturelles (conditions et moyens d’accès à l’eau, dégradation des sols). Il paraît intéressant d’entamer une réflexion sur les conditions de réussite d’une transition agroécologique de cette agriculture familiale, en identifiant des pratiques agricoles ayant des fonctionnements plus écologiques et résilients. En faisant l’hypothèse qu’il existe des potentielles d’adaptations et d’innovations fortes au niveau du territoire, l’objectif de cette thèse est d’identifier, de caractériser et d’évaluer des pratiques agricoles, en s’intéressant en particulier aux améliorations d’efficiences d’utilisation des intrants et ressources à l’échelle des cultures. Ainsi le travail se focalisera sur une analyse multicritère de différents systèmes de culture irrigués dans la plaine de Kairouan, pour évaluer leur durabilité environnementale. Située en Tunisie centrale, la plaine de Kairouan est à vocation agricole, avec des cultures très variées de maraîchage (pomme de terre, oignon, fèves, tomate, piment, pastèque, melon, etc.), d’arboriculture (à noyau et à pépin) et de céréales (blé, orge, etc.). L’agriculture souvent favorisée, tant par l’administration agricole que par les agriculteurs eux-mêmes, est une agriculture irriguée intensive, à haute valeur ajoutée mais fortement assujettie aux aléas du marché. Cependant, des pratiques moins gourmandes en intrants chimiques ou en ressources en eau - relevant de l’agroécologie – ont été observés, notamment pour la pastèque et le piment. Des pratiques agroforestières, associant différentes espèces arboricoles ou alors des cultures intercalaires (maraîchage, céréales), sont aussi courantes. Ce terrain, qui se prête donc bien à des travaux sur la caractérisation de pratiques locales agroécologiques en milieu irrigué, sera l’objet de cette étude. Dans une démarche intégrative et de terrain, l'on cherchera à décrire et évaluer différentes pratiques existantes, à identifier leurs objectifs et à comprendre les mécanismes biophysiques à l’oeuvre.
Mots clés : Agroécologie, analyse multicritères, durabilité environnementale, irrigation, pratiques agricoles
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Photos : Irrigation Oliviers Goutte à Goutte, Kairouan Tunisie©Koladé Akakpo |
Photo : Mesure du niveau piézométrique de la nappe profonde dans un puits, Sebkha Kelbia, Tunisie centrale, ©Damien Aube
La sebkha Kelbia, située en Tunisie centrale, constitue une vaste dépression topographique de 130 km2 de superficie. Elle représente le réceptacle principal d’un grand bassin versant drainant l’ensemble des eaux des crues des oueds Zeroud, Nebhana et Merguellil. La sebkha Kelbia joue un rôle important dans la compréhension du fonctionnement hydrologique du bassin Merguellil et elle représente une composante hydrologique importante dans les bilans qui visent à prédire l’évolution de la ressource souterraine dans la Tunisie centrale puisqu’elle est considérée comme le principal exutoire du vaste aquifère plioquaternaire de la plaine de Kairouan. La forte chute des niveaux piézométriques observée depuis 40 ans dans l’aquifère de Kairouan due à l’activité humaine dans le bassin Merguellil peut modifier l’équilibre de ses relations surface-souterrain. La construction des aménagements hydrauliques sur les trois oueds (barrages de Nebhana, Sidi Saad et El Haouareb) en amont du bassin versant de la sebkha kelbia a engendré un changement en son régime hydrologique.
En effet, la diminution des apports liquides au niveau de la sebkha entraîne une augmentation de la salinité, une prolifération des plantes halophiles et un changement des états de surface de la sebkha. Ceci peut être à l’origine d’une réduction significative de la recharge à travers la sebkha. Cette thèse a pour objectifs de comprendre l’évolution des interactions entre le régime hydrologique de la sebkha Kelbia et les changements en surface (en lien ou non avec les activités humaines) en étudiant les processus de fonctionnement hydrologique et les dynamiques des échanges surface-souterrain. Ainsi, l’un des objectifs de la thèse est de redéfinir le rôle hydrologique de la sebkha dans le bassin de Merguellil en mettant en question son rôle d’exutoire de l’aquifère de la plaine de Kairouan. Une hypothèse émise dans les études du bilan hydrologique régional mais qui peut être nuancée. Des réflexions seront apportées sur l’impact de l’évolution de la sebkha Kelbia sur les décisions des gestionnaires à l’égard de la gestion des ressources en eau en Tunisie centrale. L’originalité méthodologique de cette thèse repose sur la combinaison de multiples sources d’information (biophysiques et sociales) pour produire une analyse considérablement plus fine de l’évolution de la ressource.
Mots clés : eaux souterraines, géochimie, télédétection, enquêtes, modélisation
L'UMR G-EAU accueille en ce moment, dans le Hall de son bâtiment Confluences situé au 361, rue J.F. Breton - 34090 Montpellier, l’exposition photo « Portraits de béals » .