Les oasis de Touat, Gourara et Tidikelt sont des espaces aménagés depuis des siècles afin de répondre aux besoins alimentaires de la population locale. L’activité agricole est basée sur l’exploitation des eaux souterraines captées par les foggaras et autour desquelles les autochtones ont acquis un savoir-faire séculaire et ont façonné des institutions de gestion communautaire qui répondent aux conditions sociales, économiques et environnementales locales.

 A partir des années 70 des transformations profondes ont marqué la zone à travers les interventions massives de l’Etat qui visait la sécurité alimentaire du pays, l’amélioration des conditions de vie des populations locales et, surtout, l’intégration de cet espace à l’Etat-nation. Depuis, de multitudes politiques de développement ont touché les différents aspects de la vie des Oasiens : habitat, réseaux routiers, équipements publics, mise en valeur agricole, … Par conséquence, des mutations sociales (plus d’égalité sociale, nouvelles formes de métayage, …), économiques (nouvelles opportunités de travail, développement du commerce et de l’administration, création de nouveaux périmètre de mise en valeur agricole,…) et environnementales (rabattements des nappes en particulier) profondes ont marqué la zone et auxquelles les autochtones ont répondu par des nouvelles stratégies collectives et/ou individuelles diverses. Ces dernières sont souvent considérées par les chercheurs, et également par les décideurs, comme formes de rupture et de dégradation de l’équilibre ancestral du système oasien et des foggaras encore vus comme des systèmes figés qu’il s’agit de réhabilité.

 L’objectif de cette thèse est de montrer la capacité des Oasiens à faire des ajustements et profiter des techniques « modernes » et les intégrer aux techniques et au savoir-faire « traditionnelles » afin de maintenir la durabilité socio-écologique et la rentabilité économique de leurs parcelles. A  travers l’analyse de cas de terrain, l’étude propose une nouvelle interprétation des changements opérés dans les oasis de Touat, Gourara et Tidikelt : Les ajustements entrepris ne sont que de nouvelles formes des adaptations habituelles des Oasiens pour assurer la continuité du système.

 L’étude met en avant l’importance de comprendre les articulations entre le matériel (foggara, parcelles, pratiques agricoles, …)  et l’immatériel  (organisation, institutions, savoir-faire, …) pour faire réussir les interventions de sauvegarde sur ce système. Ainsi, pour contribuer à la durabilité et au renouveau de l’agriculture oasienne, l’étude propose aux aménageurs de se procurer d’un nouveau regard aux dynamiques oasiennes et mettre en place des programmes de développement qui accompagnent le système oasien et les foggaras dans leur évolution à travers le soutien des initiatives locales entreprises par les autochtones. 

 

Mots clefs : Oasis, adaptation, transformation

 

Repartiteur traditionnel flux Salem Idda 
  Photos : Répartiteur traditionnel flux Oasis (Algérie) ©Salem Idda

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Travail de thèse réalisé par David NORTES MARTINEZ au sein du CIRAD et Irstea, dans le cadre du Projet Retina, sous la direction de Stefano Farolfi (CIRAD) et le co-encadrement de Frédéric Grelot (Irstea).

 

Résumé: Les conséquences néfastes des inondations sur la société sont le résultat probable de facteurs socio-économiques. Les nouvelles pratiques en matière de prévention des dommages causés par les inondations se sont éloignées de la mise en œuvre de mesures structurelles pour inclure également des mesures non structurelles. Ces derniers intègrent, entre autres, les services des écosystèmes, exploitant ainsi le potentiel des écosystèmes pour prévenir, réguler et réduire les risques liés aux inondations. Ce changement, même s'il poursuit des niveaux plus élevés de prévention des risque et des dommages, ainsi qu'une volonté de durabilité économique, renforce la protection des zones urbaines et industrielles au détriment des zones rurales et agricoles (plus exposées). Mais les secteurs agricoles ont en réalité des structures singulières qui les rendent particulièrement vulnérables aux fluctuations des revenus et des cash flows. L'agriculture est aussi de plus en plus considérée comme un système socio-écologique complexe (SES), constitué de l'ensemble des activités agricoles, du territoire, de l'environnement et des relations établies entre ces trois éléments. En tant que tels, il existe des facteurs qui, à plusieurs niveaux, jouent un rôle fondamental dans la détermination de la vulnérabilité du système agricole.

 

Dans la mesure où la discrimination entre les types d'exploitations est essentielle pour fournir des évaluations des impacts et des vulnérabilités fiables, cette thèse se concentre sur la production de vin et propose une étude micro-économique du Système Coopératif de Vinification (SCV). Ce système présente des caractéristiques qui le caractérisent comme une SES. Nous cherchons donc à étudier dans quelle mesure l'intégration de plusieurs échelles d'analyse contribuent à la détection, à la compréhension et à la caractérisation des facteurs de vulnérabilité d'un SCV aux inondations. Nous considérons la vulnérabilité comme une propriété intrinsèque de tout élément/système qui dépend de la sensibilité à subir des dommages et de la capacité à faire face aux conséquences de l'aléa. En conséquence, nous pouvons évaluer la vulnérabilité d'un système et de ses facteurs déterminants grâce à l'estimation des dommages causés par les inondations.

 

Nous proposons et construisons un nouveau modèle d'évaluation des dommages aux inondations pour le SCV (modèle COOPER), basé sur des données obtenues de deux cas d'étude dans le Sud de la France: les départements de l'Aude et du Var. Pour développer le modèle COOPER, nous utilisons une approche multi-agent qui nous permet de faire une description du système "bottom-up", en identifiant les entités clés, leurs interactions et l'environnement dans lequel elles se déroulent.

 

L'utilisation du modèle COOPER comme laboratoire d'évaluation ex-ante des dommages causés par de multiples inondations met en évidence l'importance d'une identification correcte des interactions entre les éléments du système. Si les interactions ne sont pas bien identifiées, les dommages sur le système (et par autant la vulnérabilité) peuvent soit être surestimés, soit sous-estimés. Aussi, la possibilité de décrire en détail les agents et les règles du système productif, ainsi que la présence d'interactions explicites, nous permettent d'identifier et d'estimer le poids que différents facteurs significatifs ont dans la susceptibilité du système à subir un préjudice ou la capacité à faire face aux conséquences d'un risque d'inondation.

Dans un cadre de recherche-action, le Programme d’Action-Pilote en appui aux GDA d’Irrigation (PAP-AGIR) s’est appuyé sur les expériences conduites dans 15 GDA pilotes pour l'évaluation d'une méthodologie d'intervention participative, de ses effets induits en matière d'apprentissages par les acteurs locaux, et de ses impacts sur la performance des systèmes d'irrigation.

Cette thèse propose une analyse ancrée des organisations et des relations sociales qui façonnent les usages de l'eau en Crau. L’approche inductive et multi-échelle a pour ambition de saisir l’ensemble des interactions entre acteurs humains et non-humains qui participent au gouvernement et aux pratiques de l’eau sur cet espace. La thèse s’inscrit dans les courants constructivistes en sciences humaines et sociales. Elle est à la fois historique et critique, dans le but de mettre en lumière la généalogie, mais également, le fonctionnement des dispositifs de gouvernement ainsi que les arrangements, contournements ou oppositions qu’ils suscitent. Le travail de terrain s’est focalisé sur les organismes de gestion et les controverses relatives à l’eau en Crau. L’objectif était d’identifier et d’étudier des réseaux d'acteurs afin d’explorer différentes facettes plus ou moins visibles de l’eau. Un travail sur archives historiques et contemporaines a permis de situer les continuités et les discontinuités des formes de gouvernement de l'eau. Une enquête par entretiens et observation de réunions professionnelles ou publiques a nourri la réflexion sur les jeux d’acteurs actuels.

 

La recherche met en lumière un réseau hétérogène d’êtres et d’objets qui interagissent pour construire une multiplicité d’eaux. L’eau passe par la vanne, est « mise » par l’irriguant, est « vissée » par le garde canal, pompée dans la nappe, alimente des zones humides remarquables et vulnérables ou encore est mesurée par les instruments de l’ingénieur. Ces acteurs redéfinissent sa nature, sa forme, ou encore ses usages légitimes. La thèse permet non seulement de situer les discours tels que l’« eau-ressource », ou la « gestion intégrée de l’eau », mais encore de suivre les transformations qu’ils induisent. En effet, cette recherche ne porte pas seulement sur les constructions matérielles, symboliques ou encore normatives qui sous-tendent ou territorialisent les discours gestionnaires. Elle donne également à voir les arrangements, les adaptations et les résistances qu’ils produisent en retour, chez les gestionnaires et au-delà chez l’ensemble des acteurs de l’eau en Crau. C’est dans cette tension entre les façons de gouverner et les façons de faire que se situe le cœur et l’apport empirique de la thèse.

 

La Crau a fait l’objet de nombreux aménagements hydrauliques qui l’on profondément reconfigurée. Ils ont établi une frontière entre Crau sèche « originelle » et Crau humide « productive ». L’irrigation gravitaire de prairies (environ 12 000 hectares) par submersion permet la production de foin de Crau (foin de qualité bénéficiant d’une AOP). Cette production dépend d’un réseau hydraulique dérivant historiquement l’eau de la Durance, désormais alimenté par les aménagements hydrauliques d’EDF en Durance. La nappe de Crau est alimentée à plus de 70% par les infiltrations dues à ces pratiques hydrauliques. Depuis les années 1970, le développement industriel, l’agriculture intensive et l'urbanisation de la Crau ont conduit à une exploitation croissante de cette nappe. Elle approvisionne actuellement 270 000 habitants et est considérée comme vulnérable, notamment du fait de son alimentation dépendante de la production de foin. Elle fait d’ailleurs l'objet d'une gestion « institutionnalisée » destinée à sécuriser la ressource. Etudier l’eau en Crau permet d’offrir un double apport à la géographie humaine. D’une part, cela permet une analyse spatialisée et multi-scalaire des relations à l’eau. D’autre part, cela nourrit une lecture critique de la construction des savoirs (cartes, milieux, terroirs, territoires) et de leurs rôles dans le gouvernement de l’eau.

 

La modernisation, processus ayant pour objectif de faire advenir une forme de modernité, est au cœur de la première partie de la thèse. La « modernité » s’entend ici  comme un idéal émancipatoire fondé sur une augmentation de l’objectivité, de l’efficacité, de la rentabilité et de la formalisation (Latour, 2004). La première partie explore la construction de trois vagues de modernisation des eaux en Crau ainsi que les controverses produites par le déploiement des dispositifs qui les accompagnent. Elle donne une perspective historique des changements de la modernité depuis les années 1790 au niveau national et régional à partir du cas de la plaine de la Crau. Avec la Révolution Française, la première vague de modernisation vise à conquérir et mettre en valeur le territoire. Dans les années 1950, la deuxième vague est fondée sur la reconstruction de la France. Depuis les années 1990, une troisième vague déploie une vision sécuritaire de la gestion de l’eau. L’étude de la mise en œuvre de dispositifs typiques de chaque modernisation permet d’expliciter la doctrine, de souligner les non-dits de la modernité, et de comprendre les écueils rencontrés. Ces grandes volontés réformatrices et les transformations matérielles qu’elles produisent sont au cœur des récits actuels de nombreux acteurs impliqués dans la gestion des eaux. Cette partie permet ainsi de situer la mobilisation des savoirs historiques et contemporains et des mémoires locales dans le gouvernement et les pratiques des eaux. Elle met également en lumière les instruments mobilisés - des outils cartographiques aux métrologies - et les reconfigurations d'acteurs qui participent ou s'opposent à ces modernisations. Nous offrons ainsi un éclairage inédit de ces transformations. Elle associe l’analyse fine des constructions politiques des modernités, des dispositifs et des processus d'inclusion ou d'exclusion vécus par les habitants de la Crau.

 

La deuxième partie de la thèse est centrée sur les pratiques actuelles de gouvernement notamment de gestion qui découlent de certains dispositifs identifiés dans la partie précédente. L'étude des structures de pouvoir, des conventions ainsi que des arrangements permet l'identification et l’analyse des façons dont les politiques de l’eau sont territorialisées. Elle permet aussi d’explorer comment les acteurs les contournent ou les détournent. L'analyse ne se limite pas aux normes, aux stratégies formelles et informelles et aux structures mais inclue également les processus de marginalisation et de disqualification pour situer la gestion entre sécurité et discipline. Cette partie étudie des processus de crise. Ils permettent de révéler les stratégies de mobilisation et d’alignement des acteurs dans les dispositifs de gestion. L’étude du fonctionnement par projet permet d’analyser les dynamiques de territorialisation des politiques de gestion. Il conduit, sous un discours dominant d’adaptabilité, de flexibilité et d’efficacité économique, à la précarisation des acteurs devant mettre en œuvre de la gestion. Ceux-ci doivent à la fois faire preuve d’une autonomie accrue et en même temps sont fortement contraints par les financeurs et les discours hégémoniques de « bonne gestion». De plus, la crise et le projet transforme la définition et la matérialité de l’eau. L’eau s’inscrit alors dans une gestion événementielle à court terme d’une ressource à préserver. Celle-ci s’impose progressivement aux acteurs historiques et aux usagers qui doivent faire avec cette eau.

Le Ministère de l’Agriculture du Laos a initié un projet de réhabilitation et d’extension d’un périmètre irrigué en gravitaire dans la province de Khammouane, sur financement de l’AFD. Ce périmètre irrigué est actuellement non fonctionnel car le seuil initialement construit a été emporté par une crue. Le projet devrait permettre d’une part de sécuriser la production de riz en saison humide et d’autre part, d’irriguer différentes cultures en saison sèche. Une association d’irrigants sera en charge de la gestion du périmètre.

Adaptation de pneumatiques pour travailler en rizières inondée en remplacement des roues squelette fer des tracteurs et des chenilles des moissonneuses batteuses.

Le contrat entre le Domaine Saint Gabriel de l’étang de Marseillette dans l’Aude et l'UMR G-Eau a pour objectif de réduire les charges de mécanisation de la riziculture.

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