La pression sur la ressource en eau à l’échelle globale est de plus en plus importante chaque année. L’irrigation au goutte-à-goutte est une méthode d’irrigation ayant une bonne efficience d’irrigation. Mais cette technique d’irrigation présente un coût élevé, accentué par une maintenance difficile. En effet, les goutteurs permettant l’irrigation sont sensibles aux phénomènes de colmatage. Le colmatage en irrigation au goutte-à-goutte peut être de nature physique (particules solides), chimique (précipités) ou biologique (biofilm). L’objectif était donc d’apporter des éléments de compréhension des mécanismes de colmatage par le développement de méthodes de caractérisation. Pour cela, les trois types de colmatage ont été suivis en laboratoire dans une cellule millifluidique et caractérisés par l’utilisation de la tomographie en cohérence optique (OCT) et de la spectrocopie d’absorption.

Le suivi du colmatage au cours du temps par imagerie OCT permet de déterminer les mécanismes de formation. La localisation et l’évolution de la quantité de colmatage ont été déterminés. La comparaison du colmatage avec une modélisation de l’écoulement permet de déterminer les paramètres hydrodynamiques d’influence. La vitesse et la turbulence semblent être les paramètres régissant la localisation du colmatage. Plus la vitesse et la turbulence sont faibles dans une zone, plus elle est touchée par le colmatage.

L’utilisation de la spectroscopie d’absorption pour la détection, la qualification et la quantification a été testée et validée. Couplée à de méthodes de traitement des données multivariées, cette méthode permet de détecter la présence de colmatage in situ à partir d’une épaisseur de l’ordre de 100 μm pour le colmatage physique et chimique. Pour le colmatage biologique, de premiers résultats encourageants ont été obtenus. Les spectres obtenus permettent aussi de déterminer le type de colmatage en jeu avec une précision supérieure à 90%. L’utilisation de la spectroscopie d’absorption pour la caractérisation du colmatage en irrigation au goutte-à-goutte est donc pertinente et pourrait faire l’objet d’études en plein champ.

 

Mots clés : Irrigation au goutte-à-goutte, colmatage, tomographie en cohérence optique, spectroscopie d’absorption, analyse multivariée, écoulement turbulent.

Le projet d’économie et de valorisation de l’eau d’irrigation dans le périmètre du Gharb s’inscrit dans le cadre du Plan Maroc Vert et notamment sa composante relative au Programme National d’Économie l’Eau en Irrigation (PNEEI). Il est mis en œuvre par l’Office Régional de Mise en Valeur Agricole du Gharb (ORMVAG). Il vise l’économie et la valorisation de l’eau en irrigation sur une surface de 81700 ha dont 42300 ha en projet de reconversion collective.

Au Gharb, le choix s’est prioritairement porté sur la reconversion du système par aspersion en irrigation localisée dont les avantages en termes d’économie d’eau, d’intrants et de forces de travail sont largement reconnus, mais qui présentent des exigences techniques et financières importantes et ce à plusieurs niveaux de leur utilisation.

 

Les projets de reconversion collective, en comparaison avec les projets de reconversion individuelle, nécessitent un investissement énorme et impliquent un certain nombre de défis à relever pour garantir leur réussite, notamment quant à l’adaptation des agriculteurs ayant affaire à une nouvelle technique d’irrigation qui nécessite un changement important des pratiques d’irrigation et des systèmes de cultures pratiqués.

 

La transition entre l’aspersion et le GàG prendra du temps et le réseau d’irrigation fonctionnera sous les deux systèmes pendant une certaine période.

 

Ce travail portera sur l’analyse du fonctionnement simultané d’un système collectif sous irrigation à la demande par aspersion et irrigation localisée, et cela à travers d’enquêtes de terrain, d’expertise, d’expérimentation sur le terrain dans le contexte réel des agriculteurs et de modélisation.

 

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 © KASHI Fouzia : Mesure de pression au niveau d’une rampe sous irrigation en goutte à goutte

 

 

 

 

 

L’irrigation agricole mobilise plus de 70% des ressources en eau douce à travers le monde : l’usage parcimonieux de cette eau constitue un enjeu majeur en France et à l’international. Le modèle Optirrig développé par Irstea vise à la génération, l'analyse et l'optimisation de scénarios d'irrigation des cultures. Il s'appuie sur une description simplifiée de la croissance des plantes en fonction de l'évolution des ressources en eau et en azote du sol, avec l'idée qu'identifier les bonnes stratégies d'irrigation et de fertilisation importe plus que décrire en détail les processus biophysiques en jeu, pour des objectifs opérationnels à l'échelle de la parcelle, de l'exploitation ou du territoire.

Les zones oasiennes et arides du Maghreb sont confrontées à de grands changements qui concernent la société en général, comme par exemple, l’augmentation des mobilités. Le secteur agricole est plus particulièrement concerné avec le développement de formes d’agriculture moderne au côté de formes plus traditionnelles. Ces changements sont sources d’opportunités de développement, mais aussi de risques en termes de durabilité de ce développement, tels l’usage non durable des sols et des eaux, la baisse de la biodiversité, et l’accroissement des inégalités sociales.

Le 14 septembre 2019, sur le site marseillais d'Aix-Marseille Université, Jeanne Riaux a soutenu son Habilitation à Diriger les Recherches.

 

Elle y a présenté une réflexion issue de son expérience de recherche auprès et avec les hydrologues, intitulée : Une anthropologie "chez" les hydrologues. Penser la production de savoirs hydrologiques à travers la relation interdisciplinaire.

 

Il est question de dialogue interdisciplinaire, de savoirs hydrologiques, de médiations sociohydrologiques et d'engagement.

 

Cette réflexion a été accompagnée par Laurent Vidal et présentée devant un jury composé de :

  • Chantal Aspe, Maître de Conférences AMU. Rapporteure,
  • Stéphane Ghiotti, Chargé de recherche CNRS. Examinateur,
  • Marcel Kuper, Directeur de Recherche CIRAD. Examinateur,
  • Pierre-Yves Le Meur, Directeur de recherche IRD. Rapporteur,
  • Pierre Ribstein, Professeur Université Paris VI. Rapporteur,
  • Laurent Vidal, Directeur de recherche IRD. Garant,
  • Anna Wesselink, Visiting Researcher Univ. of Leeds. Examinatrice.

 

Résumé :

Dans le domaine de l’eau tel qu’il est abordé par les sciences de la société, un aspect demeure encore peu documenté : celui des savoirs hydrologiques et de la manière dont ces derniers, qu’ils soient « scientifiques » ou « vernaculaires », sont construits, produits, véhiculés. À l’inverse de ce qui s’est passé autour des savoirs liés au vivant : botanique, agronomie ou écologie, peu de recherches ont associé l’anthropologie aux sciences de l’eau. En cela la fabrique d’une anthropologie « chez » les hydrologues repose sur une pratique scientifique originale qui interroge à la fois la rencontre des sciences de la nature et des sciences de la société, les savoirs hydrologiques et le rôle de l’anthropologue dans un contexte interdisciplinaire de recherche pour le développement.


En revenant sur mon parcours scientifique au sein d’une équipe d’hydrologues, je brosse le tableau d’un monde de l’eau fragmenté, où sciences de la société et sciences hydrologiques dialoguent peu, s’ignorent souvent tout en se désirant parfois, s’opposent à demi-mots sans que rien ne soit clairement énoncé. Cela alors que les injonctions aux rapprochements interdisciplinaires se font de plus en plus pressantes, orientant fortement les projets de recherche à l’oeuvre aujourd’hui autour de l’eau. Dans ce contexte, la réflexion sur les conditions d’élaboration (ou non) d’un dialogue interdisciplinaire équilibré et fécond apparait essentielle.


À travers une ethnographie de la rencontre « sociohydrologique » sur un terrain tunisien, il s’agit d’en explorer les étapes : la pratique du terrain, la construction d’un raisonnement scientifique commun et l’écriture à plusieurs mains, puis le travail de réflexivité sur les pratiques et postures de recherche. C’est au cours de ces étapes que les savoirs hydrologiques se sont constitués en objet de recherche interdisciplinaire, donnant lieu et sens au dialogue entre hydrologie et anthropologie. Avec les hydrologues, nous avons en effet pris conscience de la manière dont la recherche de chacun d’entre nous est engagée dans le monde social où elle est déployée. Cela nous a amenés à centrer le dialogue interdisciplinaire sur la compréhension des processus cognitifs et politiques à l’oeuvre dans la production de savoirs hydrologiques, dans la manière dont ils circulent, les contradictions et/ou complémentarités qui peuvent émerger de leurs rencontres, ainsi que les rapports de force qui en sous-tendent la hiérarchisation.


Le travail de réflexivité est ici volontairement provoqué par l’anthropologue. Mais les nouvelles interrogations qui résultent de ce travail transforment autant les hydrologues que l’anthropologue. Cette « maïeutique croisée » amène les chercheurs dans des directions imprévues, permettant d’explorer certains impensés de la production de savoirs et des pratiques scientifiques. Alors qu’il est généralement attendu (espéré ?) que le dialogue interdisciplinaire atténue les différences de langage, de postures et de point de vue, le cheminement réflexif mène plutôt à exacerber les différences, pour pouvoir les expliciter, les valoriser, puis les articuler. Ce processus de négociation fait émerger une manière originale de pratiquer et de faire avancer chacune des disciplines en présence. Cela met les protagonistes de la démarche sociohydrologique en position de « médiateurs » (traducteurs, facilitateurs, agitateurs, maïeuticiens, etc.) dans leurs propres arènes disciplinaires et dans les mondes de l’eau qu’ils côtoient. Cette position permet d’adopter un rôle privilégié pour penser le dialogue science/société autour de l’eau, par la connaissance fine des acteurs (scientifiques, habitants, irrigants, gestionnaires, etc.), des causes qu’ils portent et des savoirs qu’ils produisent et/ou mobilisent pour cela. La pratique collective d’une interdisciplinarité sociohydrologique est alors en mesure d’infléchir profondément la manière dont nous, chercheurs, nous situons par rapport aux arènes de décision sur l’eau, la manière dont nous pensons notre rôle dans la société. C’est là le programme d’une anthropologie engagée dans les arènes scientifiques et opérationnelles de l’eau, une anthropologie « chez » les hydrologues.

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