Lors du séminaire ICIREWARD-SHS du 7 avril de 10h à 12h30, Amaël Marchand a présenté le thème suivant : Les experts-militants de l'eau mexicains et l'État. Une sociologie des intermédiaires de l'innovation sociotechnique.

Amaël Marchand est postdoctorant au LEREPS, Sciences Po Toulouse, dans le cadre du programme national de recherche OneWater.

 

Résumé : Les experts-militants de l'eau mexicains cherchent à promouvoir des modèles de gestion de l'eau censés être plus équitables, écologiques et démocratiques. Leur expertise se caractérise par sa nature interstitielle, se situant à la frontière contestée du militantisme, de la politique et de la science, entre mobilisations sociales, pouvoir étatique, et savoir universitaire. Afin de promouvoir des innovations sociotechniques, ces experts utilisent des mécanismes institutionnels existants et construisent des alliances avec certains segments des classes populaires périurbaines touchées par les problèmes relatifs à la gestion de l’eau. Malgré leurs prises de position contestataires, ils aspirent à obtenir une légitimation de leurs savoirs par l'État afin de transformer les normes techniques, juridiques et réglementaires liées à l'eau. Ces experts contribuent à la construction de l'État en générant des "effets d'État" qui découlent principalement de l’officialisation de leur parole et de leur position en tant que porte-parole. Ils produisent en effet des cadres de perception et s’efforcent d’encadrer la signification des mouvements populaires avec lesquels ils collaborent en fonction de cette reconnaissance officielle. Ces cadres ne se limitent pas à des croyances abstraites, mais comprennent également le bornage de réalités matérielles, rendues perceptibles grâce au travail des experts, tel un bassin versant.

 

Vous pouvez également réserver votre matinée du 5 décembre 2025. Nous aurons le plaisir d’accueillir Olivier Hamant qui abordera le concept de « robustesse ».

(Hamant, O., 2023. Antidote au culte de la performance. La robustesse du vivant, Tracts. Editions Gallimard)

Lors du Vendredi Découverte du vendredi 4 avril 2025, Marine Colon nous a présenté : A-t-on réussi à dépasser les limites du modèle de la gestion des services publics d'eau délégué aux entreprises privées de l'eau ?

Résumé :

Cette présentation a pour objectif de présenter un projet de chapitre d'ouvrage porté par le département Aqua d'Inrae sur la gestion des services publics d'eau et d'assainissement en France. L'ambition de cet ouvrage est de rassembler un ensemble de travaux portés par différentes équipes de recherche impliquant Inrae, pour rendre compte des nouveaux enjeux et des évolutions qui touchent les services publics d'eau et d'assainissement. Au sein de l'équipe GAP, Laetitia et Marine proposent un chapitre sur le bilan des 30 ans de la Loi Sapin.

Dans les années 90, des affaires de corruption, dont la fameuse affaire Carignon, viennent éclabousser un mode de gestion des services publics d'eau en pleine croissance en France : la délégation de service public, impliquant les grandes multinationales de l'eau. Une série de lois, dont la loi Sapin de 93, a tenté de corriger les dérives liées à la gestion déléguée. 30 ans après ces lois, a-t-on gagné la bataille ?

Nous proposons une analyse des origines de la crise des années 90 et sa résonnance au niveau internationale, des solutions proposées pour y remédier et une analyse de leur impact au regard des objectifs initiaux. Ce travail se fonde sur un ensemble de projets de recherche portés au sein de GEAU, mais aussi sur une expérience dans le conseil auprès des services d'eau dans les années 2000. Il s'appuie également sur le pilotage de l'observatoire de la Loi Sapin créé en 1999 par Laetitia, et piloté aujourd'hui par Marine. Cet observatoire, adossé à l'observatoire national des services publics d'eau et d'assainissement, vise à mesurer l'impact de la loi Sapin sur les contrats de délégation de service public. Ce travail met en exergue les avancées mais aussi les limites des règles mises en place, et des dispositifs d'observation. Il permet de faire la synthèse des problématiques qui perdurent autour de l'implication du secteur privé, et met en lumière de nouveaux enjeux.

Lors du Vendredi Découverte du vendredi 28 mars 2025 à 11h, Bouchra Kouissi nous a présenté son travail de thèse sur "la Résilience des territoires de l’eau".

 

Résumé :

Cette thèse fait suite à un master sur l’analyse de la résilience hydrique des oasis de montagne au Maroc (Kouissi, 2024) qui s’est appuyé sur la démarche d’analyse de la résilience hydrique d’un territoire de l’eau proposée par Gasmi et al. (2023). Celle-ci mobilise une grille d’évaluation des capacités structurée en trois dimensions: 1) l’approvisionnement en eau pour les différents usages, 2) l’organisation interne, et 3) les interactions avec l’extérieur. Des indicateurs ont été développés pour les 35 variables de la grille d’évaluation de la résilience hydrique. J’ai ainsi soulevé des questions autour desquelles j’envisage de structurer ma thèse :

  • Une démarche d’évaluation participative située est-elle souhaitable (dans un objectif de trajectoire de résilience hydrique du SRAE)? Je me propose d’interroger cela en accompagnant des Processus Multi-Acteurs au Maroc et au Brésil.
  • Comment adresser la question des échelles au sein du SRAE et du processus d’évaluation ? La résilience n’est pas uniforme au sein du SRAE et des interactions et rétroactions existent entre ses différentes échelles, il convient donc de s’interroger sur le choix des échelles d’analyse, sur leur articulation dans l’évaluation de la résilience, et sur les ajustements nécessaires du cadre d’évaluation lors du passage d’une échelle à une autre.
  • Comment articuler les dimensions statiques et dynamique (trajectoire) de la résilience ? Réfléchir en terme de processus dynamique (trajectoire) plutôt que d’état statique ? Articuler les deux ?
J’illustrerai mon propos au travers de mes deux terrains miroirs au Maroc et au Bresil.

En 2018, quelques mois avant le premier référendum pour la pleine souveraineté, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a lancé la co-conception de la première politique de l'eau du pays sur la base d'une large consultation qui a impliqué 1 calédonien sur 600, la politique de l'eau dite localement « Politique de l'eau partagée ».

Pour en savoir plus : cliquez ici

En Afrique du Nord, l'agroécologie a été rarement utilisée, à ce jour, pour étudier les systèmes agricoles et les systèmes de cultures. Pourtant, les pratiques agroécologiques sont courantes au sein des petits systèmes agricoles irrigués, bien que souvent entreprises en combinaison avec des pratiques plus conventionnelles.

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© Photos : Préparation à la ferme du thé de fumier (Leauthaud et al. soumis)

 

 

En particulier, une innovation qui s'est répandue avec l'utilisation de l'irrigation au goutte-à-goutte et des stratégies de ferti-irrigation, est l'utilisation de thés à base de fumier, appliqués à divers fruits et cultures maraichères. Cette innovation ascendante reste le plus souvent invisible pour les décideurs et les chercheurs, alors que plusieurs questions se posent concernant sa composition, ses effets agronomiques ainsi que ses interactions avec le sol et son rôle sur le colmatage des tuyaux et des goutteurs, en cas de son application en ferti-irrigation.

Ce projet vise à améliorer les pratiques de ferti-irrigation des agriculteurs, en caractérisant et en co-expérimentant avec eux les voies d'amélioration de cette pratique agroécologique innovante.

 

Trois questions spécifiques, en particulier, sous-tendent cet objectif :
  • Quelles sont les principales propriétés physico-chimiques et biologiques des tisanes de fumier artisanal ?
  • Quels sont les impacts sur les propriétés physico-chimiques et biologiques du sol, sur la croissance des cultures et sur le système d'irrigation ?
  • Comment, et dans quelles conditions, la mise en œuvre de processus participatifs de co-apprentissage peut-elle conduire à l'amélioration des stratégies de ferti-irrigation des agriculteurs, et à l'amélioration de la qualité de l'eau ?
 
Pour apporter des réponses à ces questions, nous cherchons à :
  • Entreprendre avec les agriculteurs un processus de co-conception participatif pour initier des réflexions collaboratives sur l'amélioration des stratégies de ferti-irrigation, en (i) décrivant l'utilisation du thé de fumier par les agriculteurs, et (ii) en mettant en œuvre une série d'ateliers avec les agriculteurs pour co-concevoir de nouvelles stratégies de ferti-irrigation. Ce projet sera mis en œuvre dans deux ou trois sites différents en Tunisie.
  • Entreprendre des caractérisations expérimentales (i) du thé de fumier utilisé et de son impact sur (ii) le sol, les cultures et (iii) les systèmes d'irrigation.

 

Mots clés : thés de fumier, ferti-irrigation, agriculture irriguée, processus de co-conception,  propriétés physicochimiques et biologiques.

Lors du  Vendredi Découverte du vendredi 21 mars à 11h, Charlotte Hemingway et Laurent Ruiz nous ont présenté : " Compter l’eau dans les territoires : comment, pourquoi, pour qui ?"

 

Résumé :
Cette présentation a pour objectif de discuter un projet d’article à soumettre à « Journal of Hydrology » portant sur l’évaluation de la durabilité de la gestion de l’eau dans les territoires agricoles irrigués par l’eau souterraine. Nous partons du constat que si on s’accorde à considérer que l’estimation des stocks et flux d’eau bleues et vertes est essentielle pour une meilleure gestion de l’eau dans les territoires, les exercices de « water accounting » permettent une bonne vue d'ensemble des usages de l'eau d'un bassin versant et d'identifier les secteurs d'activité qui utilisent le plus la ressource et de mettre ainsi en avant des secteurs prioritaires, mais ils restent peu nombreux, complexes à mettre en oeuvre et leurs potentiel pour améliorer la gestion de l'eau discutables. Nous faisons l’hypothèse que ceci est dû au fait que la quantification détaillée des entrées et sorties d’eau d’un bassin versant est non seulement très complexe, mais aussi que la façon d’en présenter les résultats ne permet pas de faire ressortir les enjeux les plus importants.

Nous proposons une nouvelle approche, en nous basant sur l’étude d’un territoire semi-aride du sud de l’Inde, où le développement de l’agriculture irriguée a été permis par l’exploitation de l’aquifère de socle. Cette approche repose sur une méthode simplifiée du bilan hydrique, appliquée d’abord à l’échelle des parcelles, puis agrégée à celle des exploitations agricoles et du territoire. À partir de ce bilan, nous évaluons le rôle des différentes catégories sociales d’agriculteurs et d’éleveurs dans la production et la consommation d’eau « bleue » - à travers leur impact positif ou négatif sur la recharge de la nappe. Cette approche permet de mettre en évidence le rôle des surfaces pluviales dans le maintien de la ressource en eau, en les considérant comme des zones « productrices » d’eau (recharge de l’eau souterraine) – alors que dans le water accounting classique, elles sont considérées comme des consommatrices peu productives de l’eau « verte ». Surtout, elle permet d’aborder les inégalités sociales entre irrigants et non-irrigants et propose d’intégrer la question des « non-usagers » de l’eau dans la gouvernance de la ressource en eau souterraine.

Vendredi 14 mars 2025 à 11h00, Christelle Gramaglia a présenté ses travaux intitulés "L'adaptation aux pollutions : une nécessité sous contrainte ?"
 

Résumé : La prolifération des pollutions (industrielles ou agricoles) multiplie les situations d'exposition. Dans certains cas, des interdictions d'usage ou de consommation peuvent être édictées par les autorités qui imposent des servitudes. Dans d'autres, seules des recommendations sont formulées - à la libre appréciation des riverains. Bien que l'adaptation aux pollutions en tant que proposition puisse choquer, nous sommes de fait placés en situation "d'adaptation" quand il s'agit de composer avec des environnements et ressources dégradées (ex. alertes récentes sur les PFAS ou encore le PVC dans l'eau potable). Cette présentation s'appuie sur la comparaison de deux études de cas, à Fos-sur-Mer et Estarreja (Portugal) pour discuter de la manière dont les riverains font avec les pollutions, notamment en l'absence de recommendations sanitaires claires. Elle propose de dépasser les acceptions courantes de la notion d'adaptation comme acceptation, au profit d'une compréhension à visées à la fois précautionneuses et transformatives.

Vendredi 07 mars 2025 à 11h00, Titouan Filloux a présenté ses travaux intitulés "Agroecologie et Irrigation dans le périmètre irrigué de Kanghot au Cambodge : Soeurs Enemies ?"
 

Résumé : La récente réhabilitation des périmètres irrigués dans la province de Battambang, au Cambodge, s'est accompagnée d'une intensification de la riziculture, marquée par l'usage accru de la chimie et la mécanisation. Ce processus a conduit à une hausse de la production, mais aussi à l'émergence d'externalités négatives sur les plans social, économique et environnemental. Une transition vers des systèmes agroécologiques, par exemple en favorisant la préservation des sols et la diversification des cultures, pourrait atténuer ces impacts. Toutefois, il est nécessaire de questionner dans quelle mesure l'accès à l'irrigation et l'organisation locale de la filière rizicole peuvent freiner ou, au contraire, faciliter de telles évolutions. Pour explorer ces enjeux, des outils méthodologiques variés, incluant des enquêtes qualitatives et des ateliers participatifs sous forme de jeux sérieux avec les différents acteurs de la filière, seront mis en œuvre.

Les systèmes karstiques, se caractérisent par la présence d’un ensemble complexe de drains souterrains connectés qui contrôlent fortement les écoulements de fluides dans le massif. Comprendre et modéliser leur fonctionnement hydrogéologique nécessite donc d’intégrer le réseau karstique dans la simulation d’écoulement.
Les Calcaires du Barrois sont marqués par une importante karstification et font l’objet d’un programme de caractérisation mené conjointement par le BRGM et l’ANDRA. L’abondance de données déjà disponibles, complétées par celles qui seront acquises prochainement, constitue donc une réelle opportunité d’identifier et de développer une approche de simulation stochastique de réseaux karstiques qui intègre un maximum de contraintes géologiques et hydrogéologiques. La cohérence intrinsèque de ces contraintes d’entrée sera garantie par la construction d’un modèle conceptuel intégrateur selon la méthodologie KARSYS (Jeannin et al., 2013). L’objectif des travaux sera de générer un ensemble de géométries possibles du réseau karstique du Barrois, qui respecte les informations géologiques et données de terrain.

Même si les informations sont nombreuses, le système ne peut être connu exactement et l’un des enjeux scientifiques de ce travail sera de proposer une approche qui permette de mieux embrasser la diversité des possibles (donc de générer plusieurs géométries équiprobables) tout en exploitant au maximum les informations de terrain pour réduire ce domaine des possibles (et donc éliminer les configurations incohérentes avec les observations). Le couplage avec les modèles de simulation d’écoulement pourra être réalisé en s’appuyant sur les modèles numériques qui seront mis en œuvre à différentes échelles dans le cadre du projet d’étude des Calcaires du Barrois. Ces différents couplages permettront d’inscrire l’approche de génération de réseaux karstiques dans une boucle globale d’inversion.

 

Mots clés : karst, réseau, stochastique, simulation, Calcaires du Barrois

 

 

 

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